Droit de préemption par la mairie

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Il existe plusieurs droits de préemption. Nous allons traiter ici du plus courant. C’est à dire du droit de préemption que peut exercer une commune lorsqu’un bien est vendu par son propriétaire.

Mairie et droit de préemption urbain

Lorsqu’un propriétaire décide de mettre en vente un bien, il est souvent loin de se douter que sa maison ou son terrain intéressera la commune. Pour autant, celle-ci peut vouloir l’acquérir pour un motif jugé d’intérêt général. Il peut s’agir pour la commune de réaliser des logements sociaux, un complexe sportif ou encore aménager un espace vert.

Ce droit de préemption s’appelle précisément le droit de préemption urbain (DPU). Il est généralement mis en oeuvre par les communes dotées d’un plan d’occupation des sols (POS) ou d’un plan local d’urbanisme (PLU). Ce droit est alors institué par délibération du conseil municipal. Ce sont les articles L211-1 et suivants du Code de l’urbanisme qui définissent son fonctionnement.

Qu’est ce que le droit de préemption urbain ?

Ce droit permet à une commune d’acquérir en priorité un bien immobilier. Ceci s’applique que la vente soit réalisée par un particulier ou par une personne morale. La commune se substitue alors à l’acquéreur initial.

La commune peut également exercer ce droit de préemption lors d’une donation. Exception faite de de celles réalisées entre personnes d’une même famille.

Comment cela se passe ?

Lorsqu’une vente immobilière est en cours, si le bien vendu est situé dans une zone de préemption, le notaire va se charger des démarches.

La Déclaration d’Intention d’Aliéner (DIA)

Ainsi, le notaire va adresser à la mairie de la commune où se situe le bien vendu une Déclaration d’Intention d’Aliéner. On parle généralement de DIA.

Ce document précise, a minima :

  • le prix et les conditions de la vente convenus entre le propriétaire vendeur et l’acquéreur
  • un certain nombre d’informations environnementales listées dans l’article L514-20 du Code de l’environnement. Principalement si le terrain ou le bien présente des dangers ou inconvénients importants qui résultent de son exploitation passé.

Cette DIA peut être adressée à la mairie soit sous forme de lettre recommandée avec accusée de réception, soit remise contre décharge.

2 mois pour exercer son droit de préemption

La commune dispose alors de 2 mois pour faire savoir si elle souhaite exercer son droit de préemption ou non. Si elle l’exerce, cela signifie qu’elle souhaite acquérir le bien.

Si elle souhaite exercer son droit de préemption, la mairie n’est pas obligée d’acheter au prix qui avait été convenu entre vendeur et acquéreur. Durant la phase de 2 mois, elle peut tout à faire négocier avec le vendeur et lui faire une contre proposition (bien sûr logiquement inférieure). Si les 2 parties n’arrivent pas à s’accorder à l’amiable, c’est la juridiction compétente qui fixera le prix de vente du bien.

Dans ce délai de 2 mois, le code de l’urbanisme permet également à la mairie de demander des renseignements complémentaires sur le bien vendu (état de l’immeuble, vente avec locataire…). La commune est également en droit de demander à visiter le bien.

Si jamais une demande d’informations complémentaires ou une demande de visite est formulée, le délai de 2 mois est suspendu. Ce délai reprend une fois la demande satisfaite. Mais, attention tout de même : s’il reste moins d’un mois avant la fin du délai de préemption, celui-ci est automatiquement prolongé d’un mois. Par conséquent, le délai de préemption peut, dans certains cas, atteindre 3 mois au total.

Si la mairie ne répond pas à la DIA, au bout de 2 mois, il est tacitement acquis qu’elle renonce à exercer son droit. Bien sûr, la commune peut aussi répondre expressément à une DIA pour indiquer qu’elle ne souhaite pas l’exercer.

Qui peut exercer ce droit de préemption ?

Les organismes susceptibles de bénéficier d’un droit de préemption urbain sont déterminés par les articles L211-1 et L211-2 du Code de l’urbanisme. Il s’agit principalement des communes. Pour autant, les établissements publics de coopération intercommunale (EPCI) peuvent également exercer ce droit.

Comme indiqué en introduction, dans les communes dotées d’un plan d’occupation des sols (POS) ou d’un plan local d’urbanisme (PLU), ce droit doit être institué via une délibération du conseil municipal.

Tous les biens sont ils concernés par le DPU ?

Le droit de préemption peut être exercé aussi bien sur des :

  • appartements
  • maisons
  • immeubles
  • terrains

Même des parts ou des actions de société (ou les parts de SCI) peuvent être soumises au DPU. En revanche, sont exclus :

  • les immeubles appartenant aux organismes d’HLM
  • les fonds de commerce

Dans des cas bien particulier, les communes peuvent tout de même préempter ce type de bien via un droit de préemption dit « renforcé ».

Conclusion

Dans 80% des cas, la mairie propose un prix inférieur à celui qui avait été convenu avec l’acquéreur initial. Ainsi, l’exercice du droit de préemption est rarement une bonne nouvelle pour le vendeur. Heureusement, ce droit de préemption urbain est exercé dans seulement 1% des cas. Par conséquent, bien que le risque existe, il est plutôt faible.

Pour approfondir

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Alex de Discutons-Immo.fr

Alex, passionné par l’immobilier. Je partage sur ce blog les informations qui me semblent pertinentes et qui sont le fruit de mes propres interrogations, recherches et découvertes. En perpétuel apprentissage dans ce domaine, mon but est de démystifier le processus d’achat immobilier auprès du plus grand nombre.

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6 réponses

  1. Emilio Tinti dit :

    Bonjour Alex
    Le 11 Mars 2020 nous avons signé un compromis de vente chez un notaire pour l’achat d’une maison.
    Cette maison a une parcelle de terrain avec un garage non attenants à la maison.
    La date butoir pour la signature de la vente était aujourd’hui 19 juin 2020, la mairie c’est rendue compte que le notaire avait fait une erreur et on a signé un avenant le lundi 08 juin au soir avec les propriétaires et ça était remis en main propre le mardi 09 juin.
    Hors j’appelle le notaire et ne sais pas me donner de réponse, j’appelle la mairie et elle me dit qu’elle a reçu le papier du notaire mercredi 17 juin.
    On doit quitter notre appartement ( en location) samedi 27 juin.
    Que dois-je faire ? La mairie m’a dit qu’il fallait attendre encore 15 jours pour avoir la réponse sur le droit de préemption.
    Ma femme mes filles et moi, nous allons nous retrouver à la rue.
    Je sais pas quoi faire……..
    Merci pour votre réponse

  2. Alex dit :

    Bonjour Emilio,
    Si je comprends bien votre situation, vous voulez dire que le notaire n’a pas envoyé à la mairie la déclaration d’intention d’aliéner (DIA) afin que la mairie puisse se prononcer sur le fait de préempter ou non le bien ?
    Si oui, à vérifier avec votre notaire mais, il me semble qu’une vente peut tout à fait avoir lieu même si la DIA n’est pas encore purgée explicitement (c’est à dire pas encore de réponse de la mairie ou absence de réponse au delà de 2 mois). En revanche, le risque (même si sans doute faible) est que la vente soit annulée ensuite si la mairie venait à vouloir préempter le bien. Il se peut que toutes les parties ne soient pas d’accord pour cela. A vérifier.

    Sinon, je vois plusieurs autres pistes à approfondir dans votre cas :
    – essayer de faire valoir votre situation auprès de la mairie afin qu’ils répondent plus rapidement qu’habituellement quant à leur décision d’exercer ou non leur droit de préemption
    – négocier avec votre actuel propriétaire afin de prolonger votre bail de location le temps que la vente puisse avoir lieu (possible sans doute seulement s’il n’a pas déjà reloué votre logement bien sûr)
    – signer une convention d’occupation précaire de votre futur logement avec l’actuel propriétaire afin de pouvoir y loger en attendant la vente définitive
    Vous et le vendeur avez le même notaire ?
    Votre notaire devrait également pouvoir vous renseigner et vous conseiller…mais s’il oublie d’envoyer un document aussi élémentaire que la DIA sans doute vaudrait-il mieux demander conseil à quelqu’un d’autre…

  3. Roux dit :

    Merci pour votre blog.
    Je suis confronté à une situation particulière. J’avais signé un compromis avec un acquéreur potentiel pour un immeuble à rénover. 125000€ dont 5000€ de frais d’agence. La mairie a préempte. Au prix du compromis.
    Ma question : qui doit payer les frais de notaire ?
    Merci

    • Alex dit :

      Bonjour !
      Merci pour votre message.
      Si la mairie use de son droit de préemption urbain, elle devient l’acquéreur. Par conséquent, ma compréhension est que c’est elle qui devra désormais payer les frais de notaire. Peut-être pouvez vous préciser votre question si elle porte sur un élément plus particulier des frais de notaire ?
      Bonne année 2021 !

  1. 1 octobre 2020

    […] d’exercer ce qu’on appelle un droit de préemption urbain (voir l’article Droit de préemption par la mairie). Le notaire notifie donc la mairie de l’intention de vendre le bien au prix convenu avec […]

  2. 27 juillet 2021

    […] réaliser la vente définitive. Rien qu’attendre la réponse de la mairie sur l’exercice de son droit de préemption sur le bien peut prendre 1 à 2 […]

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